Smart Borders
Commentaires « Smart Borders »
L’ensemble du dispositif est une installation dans le sens qu’il utilise le lieu non pas comme un support d’écrans mais pour lui faire jouer un rôle. Comme si ce lieu avait été le témoin d’un évènement passé. (mur – briques- trou)
De par sa disposition entresol-cave, le parcours du spectateur suggère un passage celui d’un monde réel voire virtuel mais bel et bien présent (entresol) vers un monde fantasmé celui de l’émergence vers la liberté (cave) où la survie serait enfin possible.
Entresol :
TV gauche : « La ligne » : La Terre vue du ciel semble sans frontières. Çà et là, des éclairs comme des combats. Si on perce les nuages on arrive sur une Afrique nue, origine des hommes. Puis ses frontières historiques se dessinent peu à peu, se modifient au gré des nations conquérantes. La descente vers la terre se poursuit par une ligne qui se faufile, c’est celle qui séparait l’Allemagne de l’ouest de celle de l’est. Les murs s’érigent autour de villes, à l’intérieur de pays, entre deux pays. Lorsqu’on se rapproche encore, on atteint la terre sous nos pieds. Elle est craquelée à l’inverse du début. Encore des lignes brisées. Et l’homme se met en marche sous la chaleur pour quitter son pays.
TV centre : « Le corps » : Dans ce monde saturé d’images qui nous habitue à l’indicible, il fallait transformer le spectateur du quotidien en voyeur. Montrer qu’il faut briser les murs de nos têtes, ceux qui séparent les hommes. Comment le faire ? En passant par le corps, avec les outils techniques actuels, ceux du clip. La musique se devait d’être agressive pour restituer le trop plein d’images. Qui a le mieux parlé du corps en mouvement sinon Pina Bausch ? C’est Dominique Mercy, son danseur fétiche, qui scande cette vidéo en nous invitant à vouloir voir encore et encore mais quoi ? jusqu’à nous proposer de voir là où on ne voit plus rien, à travers la vitre d’un train baigné de pluie comme autant de larmes… quelque part sur cette vitre une tache de lumière qui invite à l’espoir.
TV droite : « Borders » : Ce monde d’animation n’a de virtuel que l’apparence. C’est celui des senseurs, des drones, des caméras…celui de l’économie du contrôle. La deuxième partie évoque la globalisation et le souci des marchés d’un monde sans frontières pour les marchandises mais pas pour les hommes…
Cave :
La descente vers la cave évoque le passage d’un souterrain, l’arrivée dans une caverne…La vidéo nous montre qu’un regard horizontal sur les murs nous fait voir des zones sombres, aucune porosité. Apparaissent des ombres, des feuilles d’arbres ? Mythe de la caverne. Qu’est-ce que la réalité ? Opposition des musiques entre l’entresol et la cave. Ne suffirait-il pas de changer de regard ? Quand celui-ci devient vertical, le bleu émerge un peu puis pleinement pour devenir éblouissant. Nous sommes libres, en sûreté, entourés de lumière et baignés de la musique de Bach que jouait Rostropovitch devant le Mur de Berlin enfin ouvert.